Petite introduction avant d'expliquer le pourquoi du comment...
Datant probablement du IXème millénaire avant JC en Mésopotamie et en Égypte, on en trouve aussi en Chine au VIIème millénaire mais c'est à Sumer au sud de l'Irak actuel que sa fabrication est attestée pour la première fois.
« Dans ce pays, non seulement
les omniprésentes céréales fournissaient depuis toujours
le fonds même du régime alimentaire : le pain, mais
aussi la boisson principale : la bière. » (Jean
Bottéro, La plus vielle cuisine du monde)
Cette bière mésopotamienne apparaît dans de nombreux écrits : dans les tablettes archaïques d'Uruk, dans le code d'Hammurabi (loi de régulation), dans des chansons, un hymne à Ninkasi, déesse de la bière (et littéralement la Dame qui remplit la bouche), dans des proverbes... Un petit morceau de recette a été retrouvé mais vu la variété des bières de l'époque ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.
« La bière se buvait donc volontier à table,
et sans doute accompagnait-elle les repas, surtout les banquets, solennels
et festifs, mais peut-être aussi plus modestes, selon les moyens des
buveurs. Rien n'empêche pourtant -- et nous en avons des raisons -- d'imaginer
qu'on la buvait même, librement, hors de toute consomation de nourriture,
pour passer le temps en bavardant, et pour le seul plaisir de boire, chez
soi ou ailleurs. » (Jean Bottéro, La plus vielle cuisine du monde)
Importée vers le IIIème millénaire avant JC en Europe par les peuples germaniques et celtes qui y ajoutèrent des épices locales (gruyts) avec pour objectif le goût bien sûr mais aussi de lutter contre le surissement. On y ajoutera aussi des fruits et du miel mais la première référence au houblon n'est faite qu'en 822 par un moine caroligien. Ce sont donc les monastères qui sont les premiers à régulariser la bière en Europe, en vendant différents gruyts et en brassant leurs bières à partir de leurs productions céréalières.
Le Reinheitsgebot, décret sur la pureté de la bière est imposé en Bavière en 1516, les ingrédients sont limités à l'orge, le houblon et l'eau. Les progrès de la science et notamment la mise au point de microscopes performants vont permettre à Pasteur de découvrir le fonctionnement des levures et de proposer la pasteurisation.
Les révolutions industrielles apporteront la machine à vapeur qui décuplera les capacités de production, la révolution des transports assurera une diffusion mondiale des plus grosses brasseries. Cette première grande révolution brassicole va notamment être accélérée par les guerres, les cuves en cuivre sont en effet réquisitionnées pour faire des obus : des milliers de petites brasseries ferment.
La plus ancienne des boissons préparées (bien avant le vin) est aujourd'hui la boisson la plus consommée au monde après l'eau et le thé. Le goût insipide des bières des grosses brasseries sera, dès les années 70 aux États-Unis et en Angleterre, la terre fertile de la révolution microbrasserie.
Pour aller plus loin dans l'histoire de la bière il y a bien sûr la page Wikipédia Bière (plus complète en anglais). Un excellent petit livre dont vous venez de lire des extraits : la plus vielle cuisine du Monde de Jean Bottéro, qui ne se limite pas à la bière. Autre bonne référence : L'Atlas mondial de la bière de Mario D'Eer.
Si l'histoire de la bière était résumée en une journée complète, la Pinte au Bossu n'apparaîtrait qu'à la dernière minute (j'ai fait le calcul). Mais la valeur n'attend pas le nombre d'années n's'pas ?
C'est donc il y a 4 ans, à la suite d'un séjour en Angleterre où quelques français avaient réinventé le fromage en oubliant du lait frais dans un coin de la cuisine que le DIY -- Do It Yourself -- s'est emparé de leur philosophie de vie. Le fromage c'est sympa mais on en trouve du bon sans trop se fouler. La bière s'est vite imposée comme un excellent champ d'expérimentations qui ne les lâchera plus. Pendant quelques années faites d'essais plus ou moins fructueux, les commentaires des proches sont passés du silence poli à l'étonnement puis à l'approbation voir aujourd'hui à un suivi pas franchement désintéressé des tournées qui s'enchaînent.
Comme de nombreux petits brasseurs, la première tournée a été faite grâce à ces fameux kits à l'extrait de malt (sur le vélo, notre première bière pas encore prête).
Mais dès la tournée suivante, la volonté de partir de la racine de la bière était là. Partir du grain c'est pouvoir être maître de l'ingrédient principal de la bière. Sur cette photo, la base de notre deuxième tournée et premier brassage donc.
La récupération et le bricolage (au sens noble du terme) sont en bonne place sur le CV du bossu. En dehors des rouleaux du moulin à concasser le malt, tout le matériel a été récupéré et détourné, du brûleur à confitures au moteur d'essuie-glace qui pilote le moulin.
Après pas mal de brassages, certaines de nos bières ont des choses à raconter. Il reste encore du chemin à parcourir mais l'expérience accumulée ne fait qu'élargir nos envies et nos projets... D'abord ce site ouèbe qui officialise un peu les choses (avec ce superbe logo !) Puis une augmentation de notre capacité de production avant bien sûr une diffusion à une plus large échelle.
« Les guerres ne font que ce succéder
mais l'âme du soldat reste éternel. » (T. A. Shakur, in, personnal
communication)